Inner Feels : Everything Flows est un projet multimédia, qui se situe à la croisée du jeu vidéo, du film et de la recherche. La pierre angulaire de ce projet est un environnement 3D conçu sur le moteur de jeu vidéo Unreal Engine, servant à la majorité du tournage du film. Au départ de ce travail, une question : « Où vont les médias morts ? ».

Rejouant la logique des jeux vidéo (vue à la première personne, différents niveaux, des points de
sauvegarde...), IF:EF est pensé comme un cimetière/musée à ciel ouvert, hanté par des contenus et dispositifs obsolètes. Ecrans plats et smartphones brisés, laserdisc, cartes graphiques, mèmes extraits d’archives Instagram... sont autant d’entités que l’on peut recontrer au cours de l’errance du.ela joueur.eu.se. Ces entités sont autant parties du décor que PNJ avec lesquels on peut interragir: elles nous racontent leur histoire, leurs chutes et échecs commerciaux, leur oubli – tantôt se lamentant, tantôt trollant la partie –, et nous plongent dans une étrange forme de nostalgie – plus décevante que réconfortante.

IF:EF n’offre pas seulement une vision romantisée et distante du déclin technologique et écologique, mais surtout une immersion dans un univers où objets tangibles et repères se sont dissouts, où il n’est plus possible de sauvegarder aucune progression, où nous devons faire face à ce que les logiques néolibérales laissent derrière elles en s’embarquant dans leur flux. La construction de ce monde est à appréhender comme une proposition poétique et politique, un désir de fabriquer un lieu de repos aux médias zombies, d’être dans leur élément – le jeu, l’écran – et d’écouter ce qu’ils ont à nous dire. Un monde avec ses propres règles, permettant un changement de point de vue, où la fiction est mise au service de la critique.

La première occurence de ce travail est un protype de film d’animation, principalement tourné ingame comme un machinima, qui offre le point de vue d’un..e joueur..euse fantôme, demeurant pour autant une perpétuelle fuite en avant.  L’environnement 3D étant quant à lui conçu comme un bac à sable, il est modifiable à l’envi, permettant de tourner un film autant qu’un espace interactif possible à parcourir.