solo show, SoloSola, Marseille, 2025
with the invitation of Chaeyoon Park and Diego Movilla
with the support of DRAC Île-de-France and Fondation des artistes
Text by Marie-Laure Gucciardi
Le premier souvenir que j’ai se situe aux alentours de 2008.
Les autoportraits de Carine. Ce sont des photos en noir et blanc, à la chambre, tirées dans le labo-photo de notre école. Nous apprenions à nous connaitre.
On y voit son visage imbriqué de composants électroniques, sa main et son bras parcourus de câbles et de puces informatiques.
Et puisque c’est un portrait de son travail que je dois faire, c’est par son corps que je vais le faire. C’est un corps qui me parle d’amitié comme rarement une amitié prend forme.
C’est un corps qui me parle de nouvelles frontières, de nouvelles connexions, de nouvelles réalités, de nouveaux genres.
C’est ce dialogue que je veux partager.
Il y a la vidéo d’une performance. Je la vois dans une pièce, des gens déambulent autour d’elle sans trop oser l’approcher. Ses cheveux sont bleus, ou roses. Elle est assise, ses longues jambes de manga croisées, son regard fixe et sa voix modifiée, métallique, robotisée.
Elle semble seule et perdue comme un logiciel qui n’arrive pas à se connecter Carine est devenue Carin.
Il y a son appartement atelier. Un agencement de sa vie et de son travail.
Carin y prépare cette exposition. Elle me montre comment elle réalise ses écrans : elle envoie une impression. Mon regard se tourne vers la machine :
Rectangle extrudé depuis ma perspective. Je suis attirée par la vitre transparente vert fluo, aux arrêtes saturation max, sur un socle noir brillant, rehaussé d’aluminium satiné, doux. Et l’inscription XTOOL20W en lettres capitales. À l’intérieur, une petite boite danse. Sous un autocollant laser aperture sort une lumière si petite et si puissante qu’elle brule l’écran sur lequel elle se reflète. Le laser suit un trajet qui me semble de prime abord chaotique, avant que je comprenne que ce qui se dessine sous mes yeux est un œil. La machine se comporte comme une main, laisse une trace ancestrale, préhistorique. C’est là que j’ai compris, cette machine fait corps avec Carin.
Carin est un cyborg.
Carin est un corps augmenté.
Carin est un agencement des connexions.
Carin est une homogénéisation de réalités singulières.
Carin transforme les dominations en acte de résistance.
Carin n’est ni une identité naturelle, ni une identité culturelle.
Carin reconfigure les frontières de la production.
Carin questionne la responsabilité de la création.
Carin cartographies de nouvelles utopies.
Carin est un cyborg troublé qui pleure et qui récolte ses larmes
Carin prend plaisir à ça.
Carine est mon amie et je l’aime
Les autoportraits de Carine. Ce sont des photos en noir et blanc, à la chambre, tirées dans le labo-photo de notre école. Nous apprenions à nous connaitre.
On y voit son visage imbriqué de composants électroniques, sa main et son bras parcourus de câbles et de puces informatiques.
Et puisque c’est un portrait de son travail que je dois faire, c’est par son corps que je vais le faire. C’est un corps qui me parle d’amitié comme rarement une amitié prend forme.
C’est un corps qui me parle de nouvelles frontières, de nouvelles connexions, de nouvelles réalités, de nouveaux genres.
C’est ce dialogue que je veux partager.
Il y a la vidéo d’une performance. Je la vois dans une pièce, des gens déambulent autour d’elle sans trop oser l’approcher. Ses cheveux sont bleus, ou roses. Elle est assise, ses longues jambes de manga croisées, son regard fixe et sa voix modifiée, métallique, robotisée.
Elle semble seule et perdue comme un logiciel qui n’arrive pas à se connecter Carine est devenue Carin.
Il y a son appartement atelier. Un agencement de sa vie et de son travail.
Carin y prépare cette exposition. Elle me montre comment elle réalise ses écrans : elle envoie une impression. Mon regard se tourne vers la machine :
Rectangle extrudé depuis ma perspective. Je suis attirée par la vitre transparente vert fluo, aux arrêtes saturation max, sur un socle noir brillant, rehaussé d’aluminium satiné, doux. Et l’inscription XTOOL20W en lettres capitales. À l’intérieur, une petite boite danse. Sous un autocollant laser aperture sort une lumière si petite et si puissante qu’elle brule l’écran sur lequel elle se reflète. Le laser suit un trajet qui me semble de prime abord chaotique, avant que je comprenne que ce qui se dessine sous mes yeux est un œil. La machine se comporte comme une main, laisse une trace ancestrale, préhistorique. C’est là que j’ai compris, cette machine fait corps avec Carin.
Carin est un cyborg.
Carin est un corps augmenté.
Carin est un agencement des connexions.
Carin est une homogénéisation de réalités singulières.
Carin transforme les dominations en acte de résistance.
Carin n’est ni une identité naturelle, ni une identité culturelle.
Carin reconfigure les frontières de la production.
Carin questionne la responsabilité de la création.
Carin cartographies de nouvelles utopies.
Carin est un cyborg troublé qui pleure et qui récolte ses larmes
Carin prend plaisir à ça.
Carine est mon amie et je l’aime



paintings : Diego Movilla






video installation : Chaeyoon Park






