laser engraving and cutting on damaged LCD panels (smarphones, monitor, télévisions), 2020-2021
with the support of Glassbox, Région Île-de-France, ESACM
Exploration matérielle et théorique des
interfaces qui nous donnent accès à l’image et à l’information,
(écrans de téléphone, d’ordinateur ou de téléviseur épargnés
de la destruction), ce travail se construit notamment autour d’une
pratique de l’écriture, de la gravure [...], réaffectant en
partie aux objets leurs capacités à produire du signifiant. [Les
textes gravés sur les écrans usagés sont comme des monologues
éclatés, et l’on comprend à leur lecture] qu’on est invité·e·s
à suivre la trajectoire d’une entité fictive dans un monde
post-apocalyptique gothique, dont la voix résonne encore dans les
machines qu’elle a jadis habitées. Entre état d’âme d’un
écran de veille mis au rebut et soliloque du PNJ (Personnage non
joueur) qui erre dans son jeu vidéo passé de mode, nous voilà à
notre tour investi·e·s par le souci d’une obsolescence qui se
répand comme une chaleur entre les outils, les créatures numériques
et leurs utilisateurice·s.
[En effet, ces plaintes langoureuses ont brûlé la surface des écrans, et nous donnent] à entendre l’écho opiniâtre des entités numériques qui autrefois animaient la dalle, leurs infinies variations se sont cristallisées dans un énoncé clos. Le sens de celui-ci s’augmente de son étonnante réalité physique : la permanence cicatricielle des mots de la désolation sur les écrans morts déplace la nature de l’objet, qui gît au sol dans un statut problématique, entre interface désactivée et stèle funéraire. Pourtant ces traces […] viennent nous offrir les quelques aspérités toutes matérielles auxquelles s’accrocher pour entrevoir les futurs dont [le philosophe Mark Fisher, dansGhosts of my life] déplore l’annulation. C’est bien ici que se tient le paradoxe du discours dans Blackscreen_Issues_Sleeping_Displays : si l’énoncé nous plonge dans les divagations saturniennes d’un personnage numérique à la dérive, c’est la fixation de cette ritournelle en un unique poème qui nous permet d’entrevoir l’antidote à la mélancolie et à la hantise numérique.
[En effet, ces plaintes langoureuses ont brûlé la surface des écrans, et nous donnent] à entendre l’écho opiniâtre des entités numériques qui autrefois animaient la dalle, leurs infinies variations se sont cristallisées dans un énoncé clos. Le sens de celui-ci s’augmente de son étonnante réalité physique : la permanence cicatricielle des mots de la désolation sur les écrans morts déplace la nature de l’objet, qui gît au sol dans un statut problématique, entre interface désactivée et stèle funéraire. Pourtant ces traces […] viennent nous offrir les quelques aspérités toutes matérielles auxquelles s’accrocher pour entrevoir les futurs dont [le philosophe Mark Fisher, dansGhosts of my life] déplore l’annulation. C’est bien ici que se tient le paradoxe du discours dans Blackscreen_Issues_Sleeping_Displays : si l’énoncé nous plonge dans les divagations saturniennes d’un personnage numérique à la dérive, c’est la fixation de cette ritournelle en un unique poème qui nous permet d’entrevoir l’antidote à la mélancolie et à la hantise numérique.
Extraits de l’interview de Clémence Agnez, 02 en ligne, 2021
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photo : Margot Montigny, Glassbox, 2021
photo : Margot Montigny, Glassbox, 2021